Que de kilomètres parcourus, de gens rencontrés, de vagues défiées, de cartes mémoires remplies. J’ai immortalisé en photo 43 des phares du Saint-Laurent depuis 2007. Il me reste le phare de l’Île Brion et celui du Rocher aux Oiseaux, tous deux dans le golfe du Saint-Laurent, au nord de l’archipel des Îles de la Madeleine.
Je devrai être préparé mais aussi un peu chanceux. Difficiles d’accès, le transport pour se rendre à ces îles requiert une mer calme, sans vent. Et on sait que les jours sans vent sont plutôt rares aux îles. De plus, le Rocher aux Oiseaux n’est pas accessible autrement que par les airs.
Résidents ou amoureux des îles de la Madeleine, croyez-vous pouvoir m’aider en m’offrant du support logistique (hébergement peu dispendieux, transport en bateau, etc.) ou de bons conseils? N’hésitez pas à me contacter.
J’ai bien hâte d’aller à la rencontre de ces deux phares mythiques!
Il y a 1 mois, je visitais pour la première fois l’île d’Anticosti. Un périple extraordinaire pendant lequel j’ai pu photographier sept des phares les plus mystérieux et inaccessibles du Saint-Laurent. Je vous invite à découvrir mon récit de voyage.
Pour les aider à financer leurs opérations, le phare de Cap-des-Rosiers fait le tirage-bénéfice d’une photographie du phare prise lors de mon dernier passage chez eux. Agrandissement de 33 x 27 pouces. Billets en vente au phare au coût de 5,00$.
Le 15 août dernier avait lieu au Musée maritime du Québec l’Hommage aux gens du fleuve, à l’occasion de la Fête des chants de marins.
L’hommage a pour but de saluer les accomplissements des gens d’ici et d’ailleurs qui ont contribué de façon importante à la vie maritime québécoise et à la sauvegarde du patrimoine maritime.
En tant que président de la Corporation des gestionnaires de phares de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent, monsieur Peter Noreau a reçu le magnifique trophée représentant le phare du Pilier-de-Pierre.
Pendant près de deux siècles, les phares annonçaient la terre aux marins. Désormais, ils sont un symbole maritime fort qui annonce la mer aux terriens. Quelles fonctions et quelle importance ont eu les phares du Québec pour les armateurs, les marins et ses gardiens ? Cet été, les phares illuminent nos mémoires grâce aux chasseurs de phares et aux amoureux du patrimoine.
Des photographies de Patrick Matte, des artéfacts, des maquettes et le cycle de conférences Les allumeurs de mémoire seront présentés au Musée maritime du Québec.
Inspiré par la thématique de l’exposition TOUT FEU, TOUT PHARE, des experts du milieu maritime abordent de façon passionnante différents aspects de l’histoire des phares du Saint-Laurent. Les Allumeurs de mémoire sont présentés à la terrasse du Musée dans une formule 5 à 7 décontractée. Bière et vin en vente sur place. En cas de pluie, l’activité se déroule à l’intérieur. Entrée libre.
Vendredi 3 juillet à 17 h JEAN PARENT, PRÉSIDENT DE LA CORPORATION LES AMIS DU PORT-JOLI LE PHARE DU PILIER-DE-PIERRE 1843-2015
Historique du phare du Pilier-de-Pierre et brève présentation des démarches de Les amis du Port-Joli pour permettre la sauvegarde et devenir propriétaire du phare.
Vendredi 10 juillet à 17 h ALAIN FRANCK, ETHNOLOGUE SPÉCIALISÉ EN HISTOIRE MARITIME LES PHARES DANS LE PAYSAGE MARITIME QUÉBÉCOIS : ARCHITECTURE ET ENVIRONNEMENT
À travers les besoins de signalisation et les grands changements technologiques sont abordées l’évolution architecturale des phares ainsi que leur adaptation à l’environnement au cours de l’histoire de la navigation au Québec.
Vendredi 17 juillet à 17 h ANDRÉ KIROUAC, DIRECTEUR DU MUSÉE NAVAL DE QUÉBEC PHARES EN GUERRE
Si les phares sont là pour être vus, ils peuvent aussi être là pour voir. Suivons la piste de quelques gardiens qui en ont vu de toutes les couleurs quand leurs phares furent en guerre !
Vendredi 24 juillet à 17 h DAVID SAINT-PIERRE, HISTORIEN LES GARDIENS DES FEUX
Laissez-vous conter anecdotes et faits de la vie quotidienne des gardiens de phare du Saint-Laurent au XIXe et XXe siècle.
Le 12 juillet dernier, Jean Cloutier et moi voguons dans l’estuaire du Saint-Laurent. 14 km de Zodiac à faire. Des phoques nous regardent, couchés sur des rochers. Il y a l’île Bicquette et son phare au loin.
Mais l’histoire commence 9 mois plus tôt.
Jean et moi on discute d’aller visiter un phare ensemble. Je lui lance l’idée de l’île Bicquette. Jean est depuis peu en contact avec Marc Lapointe, la personne qui s’occupe de l’exploitation du duvet d’eiders sur cette minuscule île. Minuscule oui, mais qui fournie pourtant une grande proportion de la production québécoise de duvet d’eiders. En s’occupant de l’île, il est devenu de facto le gardien du phare. Pas que ce titre lui soit officiellement attribué, mais il a comme nous cette impression qu’il doit faire quelque chose pour sauvegarder ce bout de notre histoire maritime. C’est dans cet état d’esprit qu’il accepte de nous emmener sur l’île.
Avec dans une main une permission écrite du Service Canadien de la Faune et dans l’autre un appareil photo, j’embarque en Zodiac au petit quai du Bic, tout près du parc national du même nom.
Phare de l’Île Bicquette et la croix
Datant de 1844, le phare de l’île Bicquette est construit de la même façon que celui de l’Île Rouge et du Pilier de Pierre. Voici ce qu’en dit Jean Cloutier dans un article paru dans le Bulletin des Amis des Phares de l’automne 2014:
Ces trois phares côtiers sont l’œuvre de l’architecte Joseph Archer et de l’ingénieur Charles Alterton. C’est du côté nord-ouest de l’île Bicquette, se trouvant elle aussi au Nord d’une plus grande île appelée l’île du Bic, que l’ouvrage s’est effectué. Les pierres nécessaires à l’érection de ces trois tours ont été bien taillées, préparées et ajustées comme des jeux de blocs pour pouvoir être remontées sans encombre sur les sites choisis. C’est de l’Écosse, au nord de l’Angleterre que proviennent ces pierres qui ont été chargées à bord des navires comme leste pour faire le voyage jusqu’à la colonie. La tour circulaire en pierre grise (limestone) de l’île Bicquette est assise sur une base de vingt-deux pieds (6,7 m) de diamètre pour s’élever à une hauteur de soixante-cinq pieds (19,8 m). Avec la lanterne rouge équipée du système lumineux, le phare a 74 pieds (22,5 m) de haut pour une hauteur focale au-dessus du niveau de la mer de 112 pieds (34 m).
À notre retour sur la terre ferme, on est allé rencontrer Patrice Thibault, le dernier gardien de l’endroit avant l’automatisation. Il nous a parlé des anciens gardiens qu’il connaissait.
Je me sens privilégié d’avoir pu visiter cet endroit. J’en garde de magnifiques souvenirs… et 1210 photos.
Le phare de la Martre est l’exemple parfait d’une visite de phare conviviale. Indications routières, stationnement à deux pas du phare, boutique, visite guidée, petit musée. Tout y est pour la visite touristique sans soucis.
Mais cette facilité n’empêche pas qu’il est très intéressant à visiter.
Construit en 1906, juste avant la popularisation des phares en béton, il a été sauvé in extremis de la destruction dans les années 80 par Yves Foucreault. Entièrement rouge, sauf pour une ligne blanche verticale face au fleuve, c’est le plus grand phare tout en bois du Saint-Laurent.
Il a conservé son système de rotation d’origine, avec un poids attaché à un câble.
Une autre particularité du phare de La Martre est qu’il est au cœur du village, tout près d’une église. On raconte qu’il y avait une inquiétude de la part du curé sur la hauteur qu’aurait le phare par rapport au clocher. Est-ce qu’un bâtiment païen peut s’élever plus haut qu’une église? Finalement (photo à l’appui), c’est le clocher de l’église qui est resté maître en la matière.
Marc-Antoine Charlebois, le directeur général du musée des phares était sur la route lorsque je suis passé, mais depuis, nous avons eu la chance de nous rencontrer lors de l’AGA des gestionnaires de phares. Encore dans la vingtaine, c’est du sang neuf très apprécié pour la conservation du patrimoine maritime québécois.
La phare de Cap-Chat, je l’avais manqué lors de ma première visite en Gaspésie. Il faut dire que ce qui est attirant la première fois qu’on mets les pieds dans le village de Cap-Chat, c’est les éoliennes. En 2007, c’était le premier village sur la côte à posséder des éoliennes. C’est moins exclusif aujourd’hui. Il y en a un peu partout au Québec.
Tout ça pour dire que, cette fois, je n’ai même pas vu les éoliennes. J’y suis allé pour le phare.
J’étais au volant et ma conjointe surveillait notre position sur l’iPhone. On trouve l’entrée. Je freine dans la garnotte. La pancarte ne trompe pas : le parc du Rocher Cap-Chat. C’est là qu’on trouve un parcours d’arbre en arbre, des sentiers pédestres, un labyrinthe, la maison du gardien et le phare. L’endroit est bien entretenu. Il y a possibilité de louer la maison du gardien pour des nuitées.
Le phare est relativement petit. Tout au plus 3 étages. Le fait d’être sur le haut d’une falaise permet d’éclairer très loin malgré sa petite taille. J’ai pris quelques minutes pour faire le tour en pestant contre la lumière. Le ciel est dégagé et le soleil est déjà passablement haut. Nous sommes à quelques jours du solstice d’été alors ça ne laisse pas beaucoup de chances.
Finalement, c’est en visitant l’intérieur que je réussis les plus beaux clichés. Je ne suis pas resté très longtemps puisque ce phare a la réputation d’être contaminé au mercure. Le phare est encore fonctionnel. Il y a une ambiance industrielle à l’intérieur. Le moteur électrique et la lentille font un bruit de machinerie régulier, autonome. Un Fresnel encore fonctionnel c’est assez rare.
C’est en 1909 qu’à été construit le phare actuel, en béton. Le site a été électrifié en 1952.
Nous continuons notre route vers l’est. Déjà à Métis-sur-Mer, le ciel était devenu plus texturé. Les prévisions météorologiques sont positives pour les prochains jours. Au loin, on voit l’éclairci qui nous vient de l’ouest, comme s’il nous poursuivait. La ligne de nuages s’arrête d’un coup sec. Après, que du bleu. Tout indique que nous aurons un beau couché de soleil ce soir.
Le phare de Matane est le plus urbain des phares de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent. La route 132, appelée route du Phare Ouest, passe à sa porte. 4 voies de large, quincaillerie, poissonnerie, restaurants, c’est tellement central que les autorités locales y ont installé le kiosque d’information touristique.
La tour du phare est construite de façon similaire à celles de Métis-sur-Mer et Cap Madeleine: cylindre en béton avec, à l’intérieur, un escalier en spirale, sans paliers, à même la structure.
Le contexte urbain m’a fait sortir de ma zone de confort. Ce fut un bon défi photographique d’intégrer les fils électriques, les lumières de rue, les poubelles, les panneaux. Chaque angle avait ses difficultés. J’ai commencé en essayant de simplifier, en éliminant le sol et les grosses poubelles dans le stationnement.
Ensuite, j’ai tenté l’approche silhouette.
Puis, le bateau installé près du phare a attiré mon attention. Peut-être qu’en prenant un angle bas, je pourrais cacher la base de phare et les panneaux de rue. Je me suis couché dans le gazon et j’ai travaillé mon cadrage à partir de là, devant la dizaine de passants qui étaient venus voir le coucher de soleil.
Puis finalement, je réalise qu’au lieu de me battre contre les éléments urbains, je pourrais tout simplement montrer le phare tel qu’il est : en pleine ville. Bonne idée, surtout qu’à cette heure la lumière est particulièrement belle.
Quelques jours plus tard, à la fin du voyage, nous sommes arrêtés de nouveau au phare qui était maintenant ouvert au public. La saison touristique était officiellement commencée. Une petite montée au sommet confirme la ressemblance avec Métis et Cap Madeleine. Joli!
J’ai parlé quelques fois à June Smith avant d’arriver au phare. June est sur le conseil d’administration de la corporation des gestionnaires de phares et elle est aussi notre référence lorsqu’il est question du phare de Métis.
Quelques semaines auparavant, je lui ai fait savoir que j’aimerais accéder au terrain du phare et monter à l’intérieur de la tour. Accéder au terrain, pas de problème. Monter dans la tour, c’est une autre histoire. Ça me prend une permission du gouvernement fédéral. J’abandonne presque l’idée quand, Jean Cloutier à la rescousse, quelques courriels échangés, on me fourni non seulement une permission écrite, mais les clés du phare. Yé!
En ce 15 juin, le ciel est gris en Gaspésie. On a retardé notre départ d’une journée à cause de la météo. Le Québec au complet sort d’une grosse journée de pluie. Le dégagement arrive de l’ouest. Il est a quelques heures de nous. Je suis confiant d’avoir un beau coucher de soleil, mais pour le moment, j’ai sur ma tête le seul ciel que je déteste photographier : celui qui est gris uniforme, sans texture, à perte de vue.
Je rencontre donc June à la guérite au bout de la route du Phare à Métis-sur-Mer. Sa petite fille l’accompagne. La guérite compte au moins 3 cadenas mais ma clé ne fonctionne dans aucun d’eux. Le doute s’installe. June va voir au chalet voisin du phare et la dame qui y habite nous invite à passer sur son terrain pour franchir la clôture. Elle était au courant de ma venue, grâce au multiples CC dans les courriels échangés. Ça ne pose donc pas de problème.
La porte du phare, elle, s’ouvre du premier coup. C’est un soulagement de savoir que la clé fonctionne. Tout ce kilométrage pour rien, ç’aurait été décevant. On entre.
Construit en 1909, le phare est le deuxième à se trouver à cet endroit. La première tour, en bois, avait été achevée de construire en 1874. C’est la nécessité d’avoir une lumière plus puissante et un souhait de standardisation qui ont requis la construction de la tour de béton que l’on connaît. Elle mesure 25 mètres de hauteur.
L’escalier qui mène en haut est en forme de spirale. Il est en béton, coulé à même la structure. C’est une géométrie très intéressante pour de la photo et la lumière qui entre par les fenêtres est magnifique.
En fin de visite, le ciel se texture un peu et je réussis quelques belles photos « dramatiques ».