Auteur : Patrick Matte

  • 14 phares en 5 jours

    Cette fois, pas question de passer près d’un phare sans réussir une photo. J’étais beaucoup mieux préparé que lors de mon premier voyage. Nous avons choisi d’y aller hors saison pour être en mesure de ne rien réserver à l’avance. Ainsi, si la météo n’était pas favorable, il m’était possible d’étirer mon séjour d’une journée. Dès le début ce fut une bonne idée puisque, le samedi où l’on était supposé partir, toute la région a reçu une bonne quantité de pluie accompagnée de nuages gris peu intéressants pour la photo. On a pu tout décaler d’une journée sans problème et on a suivi les premiers rayons de soleil de Québec à Métis.

    Visiter les phares de la Gaspésie est une vraie partie de plaisir. Ils sont tous sur la terre ferme, pas de bateau à prendre, pas d’horaire à suivre. Plusieurs sont ouverts au public et facilement accessibles par la route. D’autres nécessitent un peu de débrouillardise et une marche de tout au plus quelques kilomètres.

    Mais tout n’est pas parfait pour autant : quelques phares sont dans un piteux état, faute d’argent ou d’intérêt. J’ai pu constater qu’il n’est pas toujours possible de rentabiliser des projets touristiques malgré l’attrait qu’ont les phares sur la population. La saison touristique est courte. La main d’oeuvre est difficile à trouver.

    Malgré ces difficultés, j’ai rencontré des gens qui travaillent avec passion et acharnement pour sauvegarder notre patrimoine maritime. Ils maîtrisent autant l’administration que le marteau. Ils donnent des heures sans compter pour que les phares trouvent une vocation nouvelle et qu’ils continuent à exister demain. Je leur lève mon chapeau !

  • Journée maritime québécoise

    Journée maritime québécoise

    Lors de ma visite à l’Île Verte, je savais que la Société de Développement Économique du Saint-Laurent (Sodes) était à la recherche d’une photo de phare où l’ont verrait aussi en avant-plan un bateau.

    D’où j’étais, je voyais bien la silhouette de l’Île Rouge. Quand un bateau est passé, j’ai saisi ma chance. C’est le Cabot d’Océanex. Il fait le transport de conteneurs entre Montréal et Terre-Neuve.

    Les gens de la Sodes ont adoré la photo et elle a été utilisée pour clore un cahier spécial, publié dans les quotidiens Le Soleil et La Presse (Gesca) du 21 octobre 2013, lors de la 13e édition de la journée maritime québécoise.

  • Phare de l’Île Verte

    Phare de l’Île Verte

    Août 2013. Je suis en vacances dans le Bas-Saint-Laurent. Ça nous donne un bon prétexte pour visiter les phares du coin. Beaucoup plus faciles d’accès que ceux de juin dernier, ils sont néanmoins tous sur des îles.

    Petite leçon de géographie québécoise : l’Île Verte est une île et l’Isle-Verte est le village en face de l’Île Verte. La municipalité située sur l’Île Verte se nomme Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Le phare de l’Île Verte est donc sur l’île Verte, à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs.

    Pour s’y rendre, il y a le tout nouveau traversier Peter-Fraser. Mais nous on a été dans les derniers à prendre le vieux traversier La Richardière. Il y a quelque chose de très stimulant de prendre un bateau pour se rendre sur une île, habitée, mais isolée du reste du monde. En arrivant sur l’île, c’est le dépaysement assuré. Plusieurs sont venus en vélo. D’autres à pied. Les automobiles sont rares et les routes sont en terre battue.

    Sachant que le phare est de l’autre côté de l’île, on marche d’un pas vif en montant la grande côte pour entreprendre le chemin du phare et ses valons. C’est à ce moment que Jean Cloutier, qui était venu nous chercher au quai sans pouvoir me repérer dans la foule, nous rattrape en voiture pour nous offrir un lift. C’est la première fois qu’on se rencontre, mais déjà je ressens la passion dans son discours.

    On passe les deux prochaines heures à faire connaissance et à visiter de fond en comble le phare et ses bâtiments. Il possède une connaissance encyclopédique des lieux. On constate aussi l’innombrable quantité d’heures qu’il a passé à monter les expositions, restaurer des artefacts, construire les maquettes des lieux, écrire des textes historiques…

    Ensuite, Jean nous laisse sa voiture pour qu’on puisse visiter le reste de l’île. Comme la plupart des autres dans cette région du Saint-Laurent, elle est toute en longueur. Un petit chemin de terre, le seul de la municipalité, la traverse d’est en ouest. Le paysage me rappelle les Îles-de-la-Madeleine : de petites maisons de couleur parsemées çà et là dans de grands champs verdoyants, la mer des deux côtés de la route en même temps, et des bourrasques de vent à écorner les bœufs même par un soleil radieux.

    Jean ne m’a pas laissé que les clés de sa voiture. Pour la première fois de ma vie, j’ai entre les mains la clé du phare. Je peux prendre tout mon temps et explorer chaque recoin. L’espace d’une journée, le plus vieux phare du Saint-Laurent est à moi!

    Constuit entre 1806 et 1809, le phare de l’île verte est le plus vieux du Saint-Laurent. Pour marquer les 200 ans du phare, des célébrations ont été organisées de 2006 à 2009. La tour du phare a été construite en pierre et ensuite recouverte de bois. 6 gardiens ont travaillé au phare, incluant 4 membres de la famille Lindsay de 1827 à 1964.

    La soirée fut généreuse en belle lumière. Je vous laisse avec quelques photos.

  • Exposition « Les phares du Québec » à Saint-Jean-Port-Joli

    Exposition « Les phares du Québec » à Saint-Jean-Port-Joli

    J’ai été silencieux depuis quelques semaines, mais j’ai une bonne raison: je prépare ma première exposition des phares du Québec qui aura lieu à la fin de l’été, dans le cadre des activités de la Fête des chants de marins à Saint-Jean-Port-Joli. Elle se poursuivra par la suite jusqu’à la mi-octobre.

    OÙ?
    Centre GO
    7a Place de l’Église
    Saint-Jean-Port-Joli, Québec

    QUAND?
    13 août au 15 octobre 2014

    Du mercredi au vendredi de 10h à 16h.

    Aussi:
    Dimanche le 7 septembre de 13h à 16h.
    Samedi le 13 septembre de 13h à 16h et de 19h30 à 21h.
    Dimanche le 14 septembre de 13h à 16h.
    Samedi le 20 septembre de 13h à 16h.
    Samedi le 27 septembre de 19h30 à 21h.
    Dimanche le 28 septembre de 13h à 16h.
    Samedi le 4 octobre de 13h à 16h.
    Dimanche 5 octobre de 13h à 16h.
    Samedi le 11 octobre de 19h30 à 21h.

    Merci aux Amis du Port-Joli, à la Fête des chants de marins et à la Corporation des gestionnaires de phares de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent.

  • Ma carte des phares du Québec

    Ma carte des phares du Québec

    Quand on explore un territoire, il faut une carte. J’ai profité de la soirée pour fabriquer une carte des phares du Québec.

    • Les triangles rouges sont les phares qu’il me reste à photographier.
    • Les oranges sont ceux que j’ai en photo mais pour lesquels je sais que je peux faire mieux.
    • Les triangles verts, c’est ceux qui sont faits.
  • Le phare de Cap-au-Saumon

    Le phare de Cap-au-Saumon

    Le phare de Cap-au-Saumon est situé à quelques kilomètres à l’ouest de Saint-Siméon, à un jet de pierre de Port-au-Persil. En direction vers le phare, on fait un arrêt au quai de Saint-Siméon pour faire le plein d’essence. Il n’y a pas de pompe à essence au quai alors je m’offre pour monter la côte à la course et aller en chercher. En haut, à l’hôtel où ma voiture est stationnée, je me rends compte que j’ai laissé les clés au bateau. #&*!!!…

    S’en suit un parfait exemple de confusion et d’inefficacité. J’ai décidé de continuer ma marche en croyant que la station d’essence ne serait pas si loin. Erreur. Après une dizaine de minutes, je reviens sur mes pas et j’appelle Catherine pour qu’elle monte me rejoindre à la voiture avec les clés. En route, une petite famille de Montréal qui m’avaient vu arriver au quai s’arrêtent pour me proposer un lift jusqu’à la station d’essence. J’embarque avec eux et j’appelle Catherine pour lui dire de laisser faire, mais elle a laissé son cellulaire au bateau. J’arrive à la station d’essence et j’achète l’essence. Pendant ce temps, Catherine se promène en voiture à ma recherche. Elle revient au quai, se stationne en double et retourne au bateau pour prendre son cellulaire. J’arrive et j’aperçois l’auto. Je lui fais des grands signes. Marc vient m’aider à transporter l’essence.

    Une demi-heure de perdue, mais plus besoin de se dépêcher: le soleil est rendu à son plus haut dans le ciel depuis un moment. C’est peine perdue pour la belle lumière du matin. Mais il y a encore un peu de brume, juste assez pour diffuser un peu la lumière. De toute manière, si près du but, nous décidons de nous rendre au phare.

    La station du phare de Cap-au-Saumon a été mise en service en 1894. La tour octogonale de 14 mètres de hauteur a été construite entre 1954 et 1955. Les bâtiments – maison du gardien et de l’assistant gardien, hangar, corne de brume – semblent aussi être construits selon les plans des années 1950. L’environnement du phare est magnifique, à flanc de montagne, et la composition des bâtiments est très harmonieuse vue du fleuve.

    J’ai obtenu quelques photos intéressantes, comme celle en en-tête de ce billet. Elles ont été un peu retravaillées, pour compresser les écarts lumineux. En prenant mes photos en RAW, j’ai pu garder les détails dans le ciel et les faire apparaitre en postproduction. Les appareils photo numériques d’aujourd’hui ont une plus grande sensibilité à la lumière. C’est un peu comme du HDR, mais avec une seule photo.

    Contrairement aux autres phares que j’ai vus durant ce séjour, celui-ci n’est plus abandonné. La station a été entièrement rénovée par Peter Noreau, sur une période de neuf ans, avec l’aide d’un groupe de bénévoles. Le résultat est magnifique et je compte bien y retourner pour profiter d’une lumière matinale qui va vraiment faire ressortir toute la beauté des lieux.

  • Le phare du Cap de la Tête au Chien

    Le phare du Cap de la Tête au Chien

    Après une journée à photographier le phare de l’île Rouge et celui du Haut-fond Prince une nuit de repos fut fort appréciée.

    Le plan à l’origine était que nous dormions à Saint-Siméon et que Marc Loiselle, capitaine de Zodiac, parte très tôt de Tadoussac pour venir nous rejoindre au quai dès les premières lueurs du jour. Au matin, mère nature a brouillé les plans puisque le fleuve était très brumeux, rendant la navigation à vue impossible. Marc et moi étant en contact téléphonique, nous avons donc décidé d’attendre un peu, pour laisser le temps à la brume de se dissiper.

    À mesure que le temps passait, je savais que les conditions de lumière optimales ne seraient plus combinées, mais n’étant qu’à quelques kilomètres du but, je voulais au moins essayer de me rendre au phare, quitte à revenir une prochaine fois pour obtenir une lumière différente.

    Marc est arrivé à Saint-Siméon à 10 heures. La lumière était encore intéressante à ce moment. J’ai décidé de filer vers le phare du Cap de la Tête au Chien en premier puisque c’est celui qui est le plus difficile d’accès et vers lequel j’aurais le plus de difficulté à retourner une autre fois. La mer était calme ce matin là, ce qui faisait changement de la veille. Nous pouvions naviguer à environ 15 nœuds. Le trajet s’est fait rapidement et sans embûche.

    Le phare a été construit sur le haut d’un promontoire rocheux, loin de tout chemin terrestre. Situé à 8,5 km au nord-est de Saint-Siméon, il éclaire le fleuve depuis 1909. Malgré le fait qu’il soit sur le continent, il est difficile d’accès puisque la route 138 tourne vers le nord dans ce secteur et que le phare est entouré de montagnes. On ne peut donc accéder à la station de phare que par hélicoptère ou par bateau. Les rochers qui touchent à l’eau sont abrupts et la couleur verdâtre nous indique qu’ils sont aussi très glissants puisque c’est une zone humide et qu’il y pousse des algues.

    La marée était basse au moment où nous sommes arrivés à la falaise. La corde qui est installée pour aider au débarquement était trop haute pour l’atteindre. Marc et moi avons identifié deux autres endroits potentiels où il pourrait me débarquer. On choisit finalement une crevasse située à gauche du bâtiment de la corne de brume. Mon plan: escalader les rochers pour me rendre à la vieille passerelle. En utilisant une rame pour garder mon équilibre, je me hisse hors du bateau qui me sert ensuite d’appui pour monter sur les premières roches. Pendant tout ce temps, Marc garda les moteurs en activité pour que le Zodiac reste bien collé sur les rochers.

    Je réalise que ça ne semble pas si impressionnant sur les photos, mais sur place c’était quelque chose à grimper. Je suis quand même en bonne forme physique et j’ai eu chaud. La montée était vertigineuse et la chute potentielle vers l’eau n’était pas très réjouissante. Je dois vous faire un aveu: j’ai peur des hauteurs et je suis aussi craintif face à l’eau. La chasse aux phares en général et celui-ci en particulier est donc un défi pour moi puisque je dois repousser mes limites personnelles. La fin justifie les moyens: j’ai des craintes, mais je veux tellement obtenir une bonne photo que je passe par-dessus ces craintes pour arriver à destination.

    Arrivé à la passerelle, je me rends vite compte qu’elle s’est fragilisée avec le temps. Je marche donc lentement et sur les travers pour m’assurer de ne pas me retrouver 2 mètres plus bas sur les rochers. Plus loin, il y a un petit escalier et des arbres ont commencé à pousser entre les marches. Je me hisse enfin sur la plateforme d’hélicoptère pour arriver dans la partie qui a été remise à neuf. À ce moment, j’enlève ma veste de flottaison. J’ai chaud. Et je sais ce qui m’attend: 283 marches à monter pour me rendre au phare.

    J’arrive finalement en haut sans trop de problèmes. C’est dans ces occasions que je me trouve brillant de faire du jogging régulièrement.

    Les bâtiments de la station de phare sont tous reliés par des trottoirs de bois. Il y a les maisons du gardien et de l’assistant-gardien, construits selon les plans standards des années 1950. Il y a aussi un hangar et, un peu plus haut, le phare lui-même. Il n’est pas très haut – 38 pieds – mais sa portée est équivalente à d’autres puisqu’il est sur le haut d’une falaise.

    Voici quelques photos du phare du Cap de la Tête au Chien…

    Quelques minutes plus tard, les jambes un peu molles, j’ai fait le trajet inverse pour revenir au bateau.

    L’heure de la belle lumière est pas mal terminée, mais il y a un peu de brume, ce qui me donne espoir. Direction, phare du Cap-au-Saumon…

  • Photographier les phares du Saint-Laurent

    Photographier les phares du Saint-Laurent

    Voici un texte de Jean Cloutier, publié dans le bulletin des Amis des phares no.15 (automne 2012, p.24). Il écrit à propos de mon projet de photographier tous les phares du Québec :

    Au début de l’année j’ai été contacté par un photographe, qui au cours de ses voyages, devient aussi un passionné des phares. Il m’a demandé les contactes de certains de nos gestionnaires de phares dont leurs structures lumineuses étaient difficilement accessibles. Son but ; photographier tous les phares du Saint- Laurent. Donc à l’été 2013, il y a des bonnes chances qu’il nous donne un p’tit coup de téléphone pour nous aviser de son intention de pointer son objectif sur nos tours blanches. Je dis bien nous, car il n’a pas encore passé par l’Île Verte. Nous l’attendons avec nos plus beaux attraits, mais pour le moment, vous pouvez parcourir son impressionnant Blog photographique et allez à l’onglet «phare».

  • Le phare du Haut-fond Prince

    Le phare du Haut-fond Prince

    En quittant l’île Rouge, il était encore assez tôt et la possibilité s’offrait à nous de se rendre dans le secteur de l’île Verte, à environ 9 km de là.

    À ce moment, la marée était à son plus bas. Par définition, il est assez périlleux d’être près d’un phare en bateau quand la marée est basse. C’est justement pour avertir d’un danger qu’un phare est construit à un endroit précis. En s’éloignant tranquillement du rivage, on voyait apparaître des rochers inquiétants qui n’étaient pas là à notre arrivée. C’est très lentement qu’a navigué à vue Marc Loiselle, le pilote du Zodiac, en regardant le moindre indice qui pourrait indiquer la présence d’un récif. Se déplacer lentement nous a aussi permis d’apercevoir des phoques communs, curieux, sortir leur tête de l’eau pour nous observer. Après avoir fait le tour complet du haut fond au nord de l’île, nous avons fait direction vers l’ouest pour contourner l’île et pour éventuellement prendre la direction sud. Mais les vagues et le fort vent ont eu raison de notre détermination. Sans être dangereux, ça aurait été trop long de naviguer dans ces conditions. L’île Verte, ce sera pour une prochaine fois…

    Changement de cap, direction nord vers le phare du Haut-fond Prince.

    Le retour m’a permis d’apprendre quelque chose d’intéressant sur la navigation : les fortes vagues qu’on avait rencontrées à l’allée, avec le vent de face, nous ont paru beaucoup plus calmes au retour, avec le vent dans le dos. C’est que, au lieu d’avoir à monter et descendre chacune des vagues, il était possible en allant à la bonne vitesse de surfer sur la vague. Les remous qui ont tant cognés se sont donc traversés beaucoup plus rapidement et sans qu’on se fasse trop brasser.

    À l’approche du phare du Haut-fond Prince, le soleil m’a fait un beau cadeau en créant une ligne lumineuse parfaite pour une photo en silhouette. Catherine et moi étions aux anges à la vue de cette structure si mystérieuse, si isolée.

    C’est le plus récent des phares du Saint-Laurent. Le pilier-phare a été construit en 1961 et est surnommé la Toupie par les gens du coin, à cause de la forme conique de sa base. En incluant la tour, la structure mesure 25 m. C’était une merveille de technologie à l’époque.

    L’histoire de Noël 1966 me revient en tête, alors que les trois gardiens du phare sont pris dans une tempête. Les vagues de plus de 12 mètres atteignent l’étage principal du phare qui est balayé à répétition par l’eau glacée. Les pauvres hommes doivent se réfugier dans la tour. Craignant que le pilier au complet soit emporté, ils lancent un S.O.S. Ce n’est que 36 heures plus tard qu’ils seront sauvés par la garde-côtière.

    Marc nous a fait faire quelques tours pour me donner différents angles de prise de vue. Pendant qu’on prenait des photos, il nous fait une surprise : en composant un code sur une fréquence radio précise, il fait déclencher le criard de brume : « Ça, c’est juste pour toi mon Pat! ». Contrairement à ce qu’on imagine d’une corne de brume, le son du criard était plutôt aigu et il ne paraissait pas très fort quand on était près. Mais en s’éloignant, je me suis rendu compte que c’est le genre de son qui porte assez loin.

    Voici quelques photos du phare du Haut-fond Prince…

    En revenant vers Baie-Sainte-Catherine, nous avons pris le temps d’observer quelques rorquals. Ça terminait bien notre première journée du périple. Demain, les phares du Cap de la Tête au Chien et du Cap-au-Saumon.

  • Le phare de l’île Rouge

    Le phare de l’île Rouge

    La première escale du périple en Zodiac fut le phare de l’Île Rouge. Arrivé à Baie-Sainte-Catherine à 15 h 30, la journée était parfaite pour faire de la photo : un ciel dégagé avec quelques nuages pour donner de la profondeur. Sur le fleuve, la faible brume et l’air salin nous offraient une ambiance typiquement maritime.

    Le vent s’était levé dans les dernières heures, augmentant la vélocité des vagues. Mais pour les marins d’eau douce que nous sommes, rien d’alarmant vu du quai. On ne savait pas encore qu’on se ferait brasser un peu plus loin…

    Comme prévu, Marc Loiselle nous attendait au quai à bord de son Zodiac Loizo.com. C’est une de mes collègues à la Sépaq qui nous a mis en contact. Marc est capitaine de Zodiac, mais aussi photographe professionnel. Il est donc bien placé pour comprendre mes besoins photographiques et m’emmener aux meilleurs points de vue.

    Le trajet se fait en traversant d’abord l’embouchure du Saguenay. Le vent et les courants marins nous brassent un peu. On aperçois la Pointe-Noire à gauche et l’îlet aux Alouettes à notre droite. Au début des années 1900, il y avait un phare à chacun de ces endroits. Dans le bulletin des amis des phares de l’hiver 2011 à la page 17, on trouve un article très intéressant, sous la plume de Jean Cloutier, qui nous raconte la courte existence du phare de l’îlet aux Alouettes, de 1872 à 1909.

    Passé l’embouchure de la rivière Saguenay, on se dirige d’abord vers le phare du Haut-fond Prince. Même si c’est la première fois que je m’en approche, j’ai l’impression de revoir un vieux chum. On fait un petit tour du phare et on continue notre chemin en sachant qu’on y reviendra à notre retour.

    C’est à ce moment qu’est survenue la partie la plus mouvementée du voyage. Des vagues de bonne vélocité nous séparaient de l’Île Rouge. En pilote d’expérience, Marc a ralenti le rythme pour prendre les vagues une à une, de face. À un certain moment, il devait grimper chaque vague, pour ensuite la redescendre quand elle se brisait. À quelques reprises, on a descendu pas mal plus vite qu’on était monté. Marc m’a fait remarquer que l’eau était noire et que, par une ligne de séparation très nette, elle devenait verte et plus calme. C’est la rencontre du Saguenay et du fleuve Sainte-Laurent, avec les courants marins divergents, qui créent ce changement de couleur et ces vagues.

    Pour se mettre à l’abri du vent, on a approché l’Île Rouge par le Nord-Est. Grâce à la versatilité du Zodiac, on a pu accoster sur la plage et débarquer sur l’île sans trop d’efforts.

    L’Île Rouge est toute petite et en forme de cigare (500 m de longueur, à peine 200 m de largeur). C’est une île fluviale : il semblerait qu’elle ait été formée par l’accumulation des sédiments qui proviennent de la rivière Saguenay et qui se jettent dans le fleuve Saint-Laurent.

    Le ciel est rempli d’oiseaux. On se sent un peu comme dans The Birds de Hitchcock, mais sans la peur de se faire attaquer. On y retrouve une multitude d’espèces : des goélands argentés, goélands manteau-noir, mouettes de Bonaparte, cormoran, etc. Ça crie très fort. Ça sent fort. L’odeur prend au nez, mais on l’oublie après un moment. On aperçoit des petits œufs dans les herbes hautes. En regardant plus attentivement, on voit aussi des oisillons cachés près de plumes de leurs parents. Nous sommes des intrus sur l’île mais on dirait que ces oiseaux n’ont pas appris à avoir peur des humains. C’est tant mieux parce qu’on ne veut pas leur faire de mal.

    Au centre de l’île, on retrouve le phare et les différentes constructions comme les maisons du gardien et de son assistant, un criard de brume, un garage, etc. L’île n’est pas large et on voit le fleuve des deux côtés en même temps.

    Le phare, construit à la même époque que ceux de l’île Bicquette et du Pillier-de-Pierre, est fait de pierre provenant d’Écosse. Il est entouré de 3 cylindres qui servent à le protéger en éloignant l’eau de la structure, évitant ainsi que la pierre s’use prématurément. La station de phare est complètement abandonnée depuis plus d’une dizaine d’années. De vieux trottoirs de bois relient les bâtiments entre eux. Ils menacent de céder sous nos pieds.

    On fait le tour de l’île tranquillement. Je multiplie les photographies et j’essaie d’enregistrer dans ma mémoire tous les petits détails, parce que je sais que les occasions de venir ici sont rares. La lumière est belle. Le vent est doux. Le phare est là, grand de ses 51 pieds, résistant de ses 150 ans. C’est un phare magnifique dans un environnement hors du commun.